Construire et communiquer une vision d’équipe

Un article écrit par notre formatrice / consultante /coach spécialisée en management et gestion des ressources humaines Catherine Bardiau

 

"Mon équipe manque de cohésion", "Je ne trouve plus de sens à ce que je fais...", "Je ne vois pas mes priorités", "Mes décisions sont-elles justes ?", "Mon équipe semble démotivée", "Je n’en peux plus d’être le nez dans le guidon !"…

Vous reconnaissez-vous dans l’une ou l’autre de ces situations ? Bienvenue dans cet article. Tout d’abord, prenez conscience que vous n’êtes pas un cas isolé. En tant que coache et formatrice, je rencontre tous les jours des responsables partageant les mêmes questionnements.

Au fil de mes accompagnements et par expérience, j’ai repéré une origine commune à toutes ces problématiques : un manque de vision claire, d’objectifs précis, de plan d’action flexible.

Et à votre avis, qu’est-ce qui fait que 90% des managers n’ont pas de vision, ni de plan d’action ?

La réponse est toujours la même : "Je n’ai pas le temps"… Pas le temps ? Vraiment ?

Voyons ensemble comment entamer votre voyage vers une vision claire, avec une carte routière sûre et un sac à dos plus léger.

La vision, une boussole par tous les temps

L’une des missions des responsables est aujourd’hui, plus que jamais, de donner une direction, un cap, un fil conducteur au travail.
C’est ce qu’on appelle "avoir une vision".

  • Objectif n°1 de la vision : donner du sens et de la cohérence au travail.
  • Objectif n°2 : renforcer la cohésion d’équipe.
  • Objectif n°3 : organiser le travail.

S’il est bien connu que donner du sens à son travail et travailler en cohésion nous permettent de nous lever le matin avec le sourire, nous mettons moins l’accent sur l’importance de l’organisation du travail. Le doter d’un repère stable, d’une boussole à suivre est primordial quand on parle de bien-être au travail. Cette boussole, c’est la vision. Qu’il fasse grand soleil sur votre projet et votre équipe, ou que de grands vents menacent l’engagement et la stabilité de votre voyage, la vision vous mène à bon port.

Je dénombre actuellement quatre conséquences problématiques d’un manque de vision chez les managers que j’accompagne :

  • Stress, doutes, grande fatigue physique et/ou nerveuse (souvent dus à une mauvaise organisation de son temps, à un problème de gestion des priorités)
  • Manque d’adhésion, de motivation dans l’équipe (avec de la résistance à accomplir certaines tâches)
  • Tensions, manque de cohésion (avec des conflits et de l’individualisme)
  • Perte de sens des managers et de leurs équipes (en conséquence des trois premiers).

Pour lever la tête de ce fameux guidon, posez-vous ces questions : quel est le fil rouge que je suis en train de tirer et qui peut nous apporter – à moi, à mon équipe, à notre public-cible, à nos partenaires – une direction commune à suivre ? Quel est ce grand projet qui relie ? Qu’avons-nous envie d’accomplir ensemble ? Vers quoi devons-nous évoluer pour nous adapter à notre environnement et faire grandir notre projet ?

Construire une vision

Afin d’ouvrir le chemin vers la construction de la vision, nous devons d’abord nous pencher sur le problème de base des managers (et de nous tous.tes en réalité !) : la gestion du temps et des priorités.

Partons d’un constat : nous avons tous.te.s tendance, de façon automatique, à mal gérer notre temps. En effet, le cerveau de l’être humain l’incite à commencer la journée par les tâches les plus limpides. En gros, nous faisons d’abord ce que :

  • nous aimons faire
  • nous faisons vite
  • nous savons bien faire
  • nous savons exactement comment faire
    Et ce qui nous donne des résultats immédiats

Ceci nous démontre que nous n’aimons pas les voyages à l’aveugle, nous préférons les chemins surs et bien connus.

Résultat ? Nous nous retrouvons à la fin de la journée avec une série de tâches secondaires accomplies, et aucune tâche aboutie ou même entamée qui serve réellement nos objectifs. A la longue, ceci entraîne une réelle perte de sens et donc de motivation, avec une impression que notre énergie est partie en fumée et notre temps en cacahuètes. De quoi briser dans l’œuf toute envie de nous investir à terme pour notre projet ou notre équipe.

Entrer dans un cercle vertueux... et y rester !

Or, faire une vision, c’est tout le contraire de ce que nous dicte notre cerveau : nous ne savons pas comment la faire, car nous n’avons pas la méthode.
Cela demande du travail, de la préparation, de la réflexion, donc notre cerveau, naturellement, y résiste.
Et surtout, élaborer une vision ne donne pas de résultat immédiat.
Atteindre une vision prend du temps, et demande de la persévérance dans l'atteinte de premiers résultats concrets. Tout cela ne rend pas l’élaboration de la vision très populaire et pourtant, lorsque la destination est définie, le chemin entamé et les premières étapes franchies, nous entrons dans un cercle vertueux capable de renverser peu à peu la vapeur. Nous gagnons en productivité et en sérénité grâce à une meilleure gestion de notre temps et de nos priorités.

La vision : un repère pour la prise de décision

De plus, la vision nous sert de guide pour prendre les décisions, qu’elles soient d’importance secondaire ou primordiales.
Dans une situation imprévue et dans l’urgence, il peut être extrêmement périlleux de trancher quand on a pour repère son seul avis, l’avis de l’équipe ou de l’un de ses membres (la fameuse solitude des managers !).
Lorsque nous pouvons nous référer à une ligne de conduite bien définie – une vision avec des objectifs et un plan d’action adpaptable – la prise de décision n’est plus arbitraire mais actionnée par un levier objectif et porteur de sens

Communiquer une vision

A quels moments impliquer mon équipe dans la construction de la vision ? S’il est nécessaire de poser la question, sachez que plusieurs réponses existent. Plus tôt l’équipe est concernée, plus elle a de chances d’adhérer à la vision. Mais attention, l’impliquer à 100% n’est pas une règle universelle.

Pourquoi ?

Parce qu’impliquer l’équipe tout au long de la construction du plan stratégique n’est pas toujours le plus adapté :  taille de l’équipe, décentralisation, efficacité, maturité des collaborateur.ice.s, niveaux de tensions et d’harmonie… sont autant de paramètres qui vous guideront dans la manière dont vous travaillerez la vision.

Ensuite parce que le bien-être de l’équipe passe aussi par le bien-être et l’authenticité de son/sa manager. En d’autres mots, vous avez le droit de choisir le degré d’implication de votre équipe, en fonction de votre style de management, de vos valeurs, de vos préférences, de votre philosophie de travail.

Rien ne vous oblige donc à impliquer votre équipe à 100% dans la construction de votre vision et de votre plan d’action, et rien ne vous oblige non plus à en prendre toute la responsabilité.

En revanche, je vous conseille vivement la transparence. Ne brouillez pas vos cartes, expliquez les règles de votre jeu. Être clair.e avec vos collègues ou partenaires sur vos choix leur permet de se sentir impliqués dans l'étape du processus que vous aurez choisi de partager avec eux. C’est leur témoigner du respect, tout en leur demandant de respecter vos propres décisions.

Enfin, puisque le but de la vision est, entre autres, de fédérer l’équipe, je vous suggère de construire votre stratégie de manière motivante et impliquante : suscitez la fierté et le sentiment d’utilité pour chacun.e, donnez de la reconnaissance et de l’autonomie, partez des préoccupations et des souhaits de votre équipe (et pas seulement des vôtres), donnez-leur des perspectives.

UNE METHODE PRAGMATIQUE

Pour contourner les difficultés liées à la gestion du temps, le truc est de tromper notre cerveau en simplifiant l’exercice.

Pour vous y aider, je préconise de travailler en 4 étapes :

  1. état des lieux,
  2. projection créative,
  3. traduction en objectifs,
  4. plan d’action.

Le plan d’action est crucial. Il permet de passer du stade nécessaire – et agréable '';-)'' – de la rêverie à l'implémentation de sa vision au quotidien.
Il nous aide à lutter contre la procrastination de nos objectifs, certes importants, mais chassés par les urgences du quotidien. Il permet également de ne pas s’égarer, en cas de situations imprévues, de crise, de changement dans l’équipe ou dans le projet lui-même. Il est un repère auquel se référer pour avancer, pas à pas, dans le cercle vertueux que l’on s’est créé et il nous permet d’y rester quoi qu’il arrive.